Ottawa s’attaque à la haine en ligne

Le gouvernement fédéral a présenté son nouveau projet de loi C-63, visant à répondre à ce qu’il considère comme une montée des risques de contenu néfaste en ligne. Ce projet de loi propose une série de nouvelles exigences pour les plateformes ainsi que la création d’un nouvel organisme de surveillance de la sécurité numérique.

Mon Carnet - l'infolettre
3 min ⋅ 28/02/2024

Le gouvernement fédéral canadien a présenté cette semaine son nouveau projet de loi C-63, visant à répondre à ce qu’il considère comme une montée des risques de contenu néfaste en ligne. Ce projet de loi propose une série de nouvelles exigences pour les plateformes ainsi que la création d’un nouvel organisme de surveillance de la sécurité numérique pour contraindre ces sites populaires à agir ou à faire face à des sanctions.

Le projet de loi propose également des améliorations aux peines canadiennes pour la propagande haineuse et le partage de matériel d’exploitation sexuelle des enfants.

Le projet de loi déposé par le ministre de la Justice, Arif Virani, vise les services de médias sociaux, les services de diffusion en direct et les « services de contenu pour adultes téléchargé par les utilisateurs ». Ces entités sont regroupées sous le terme générique de « services en ligne », et si le projet de loi est adopté tel quel, les sites soumis aux nouvelles règles pourraient être passibles de millions d’amendes en cas de non-conformité.

Selon le ministre, « Actuellement, il est trop facile pour les entreprises de médias sociaux de fermer les yeux alors que la haine et l’exploitation prospèrent sur leurs plateformes. Ce projet de loi les obligera à faire leur part », suggérant que si le Canada a des normes de sécurité rigoureuses pour des jouets tels que Lego, il en va autrement pour ce qui apparaît sur les écrans des enfants.

Le gouvernement affirme centrer leurs nouvelles règles sur les plateformes les plus utilisées par les Canadiens, notamment sur les sites qui répondent au seuil d’utilisateurs que le gouvernement entend établir dans les règlements, une liste définitive des sites concernés sera établie ultérieurement.

Au fil du temps, des services en ligne supplémentaires pourraient être ajoutés à la liste et être soumis à ces nouvelles règles si ils commencent à représenter « un risque important de préjudice ».

Parmi les nouvelles mesures proposées par les libéraux figure un mécanisme forçant les grandes entités en ligne à supprimer rapidement le contenu qui victimise sexuellement un enfant ou revictimise un survivant, ainsi que le contenu intime communiqué sans consentement, comme la « pornographie de vengeance » ou les deepfakes pornographiques non consensuels.

Alors que la première proposition de projet de loi sur les préjudices en ligne suggérait que ce type d’exigence de retrait dans les 24 heures soit utilisé de manière plus large, le projet de loi C-63 restreint cette mesure à ces formes de contenu sexuel non consensuel, et est accompagné d’un processus de surveillance et d’examen.

En plus des mesures déjà évoquées, le projet de loi C-63 propose également d’imposer aux grandes entreprises en ligne une responsabilité accrue en matière de modération du contenu. Les plateformes seraient tenues de mettre en place des mécanismes de signalement efficaces, de fournir des outils permettant aux utilisateurs de signaler du contenu préjudiciable et de bloquer les utilisateurs indésirables, ainsi que de publier des plans de sécurité numérique. De plus, elles devraient partager des données, y compris leurs systèmes internes et leurs outils, avec des chercheurs et des organismes de réglementation.

Le projet de loi prévoit également la création d’une Commission de la sécurité numérique, composée de cinq membres nommés par le gouvernement, ainsi que d’un Ombudsman de la sécurité numérique. Ces entités seraient chargées d’administrer et d’appliquer les nouvelles règles gouvernementales, de tenir les services en ligne responsables et de garantir le respect des normes de sécurité numérique.

Enfin, le projet de loi vise à renforcer les sanctions contre la propagande haineuse en introduisant une nouvelle infraction distincte dans le Code criminel et en augmentant les peines maximales pour les infractions existantes liées à la propagande haineuse. Ces mesures visent à mieux protéger les Canadiens contre les discours haineux en ligne et à dissuader ceux qui propagent de tels discours.

Fait intéressant, les services de messagerie privée et cryptée seront exclus de ce projet de loi, tandis que des groupes privés sur les plateformes de médias sociaux pourraient être soumis aux nouvelles règles.

Ce texte est également disponible sur mon blogue Mon Carnet

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Par Bruno Guglielminetti

Mon nom est Bruno Guglielminetti. Fils d’un émigrant italien et d’une mère québécoise, je suis le fier père et beau-père de quatre jeunes adultes. Professionnellement aujourd’hui, je suis consultant indépendant en stratégie de communication numérique et réalisateur de podcasts. Je fais également des conférences, de la formation et j’analyse l’actualité des communications numériques dans les médias. D’ailleurs, plus de 83 000 abonnés me font confiance au quotidien sur Twitter (@Guglielminetti), et dans mon podcast hebdomadaire Mon Carnet, pour leur présenter l’essentiel de l’actualité numérique. Depuis 1995, je vulgarise au quotidien la technologie qui nous entoure, pendant 16 ans à Radio-Canada, et simultanément, six ans à La Presse et six autres années dans les pages du Devoir. J'ai également fait dans le livre avec plusieurs guides de l'internet francophone de 1996 à 2003. En 2003, j’ai reçu le Prix du Communicateur de l’année décerné par l’Association internationale des Professionnels de la Communication. En 2004, je recevais le Mérite de la langue française dans le domaine des nouvelles technologies de l’OQLF. Et finalement, en mai 2009, je recevais le prix d’Excellence dans le journalisme scientifique et technique de la Canadian Advanced Technology Alliance à Ottawa. Si vous êtes vraiment curieux d'en savoir plus sur mon parcours, je vous invite à écouter cette conférence de 50 minutes que j’ai donnée à l’École des entrepreneurs du Québec dans le cadre de la Semaine mondiale d’entrepreneuriat. https://youtu.be/12su182EXwU

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